Cérémonies de Commémoration des Fusillés du Banel





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Le 24 juin 2007, Roland Briffaut, Président de l'Association "Souvenir du Banel et de la Résistance Franco-Belge" prononça un discours émouvant que nous avons transcrit ci-dessous :

Cérémonie du Banel 2007 Photo JLV, juin 2007

"C'est avec une profonde émotion que j'ai l'honneur de vous adresser, aujourd'hui, ces quelques mots.

Ayant vécu intensément la période de la Seconde Guerre Mondiale dans cette région, devenue maintenant un endroit historique par le rayonnement de son ancienne activité et le drame qui en marqua la fin, je me dois de rappeler succinctement les événements qui s'y déroulèrent entre les deux dates importantes que sont :

  • le 18 juin 1940, jour où des paroles prononcées par un général inconnu du grand public, rendirent aux patriotes désemparés, courage et espoir,
  • et le 18 juin 1944, jour dramatique qui sonna le glas pour notre Maquis…

L'organisation du Banel est née spontanément, sans intervention extérieure, en novembre 1941, au Collège Nassau de Sedan. Quelques élèves se groupèrent autour de Robert BRIFFAUT pour contrer les décisions prises par l'occupant. Les interventions devinrent de plus en plus fréquentes et dangereuses.

Dans le même temps, en Belgique, Adelin HUSSON, journaliste du quotidien liégeois "La Meuse", éditait une feuille clandestine "La Churchill Gazette". Originaire de Chassepierre près de Florenville , il prospectait dans la province belge du Luxembourg pour trouver de nouveaux sympathisants. Après l'arrestation de son épouse et de sa fille, il se réfugia à Florenville.

En mai 1942, Robert BRIFFAUT fit sa connaissance. Une étroite collaboration fut réalisée et le service de renseignements prit une grande importance.

Au fur et à mesure que la Résistance s'organisait dans notre région, comme dans tout le pays, la police allemande devenait plus active. Elle intensifiait ses recherches, arrêtait responsables ou innocents après chaque attentat, instaurait un régime de terreur, sans réussir cependant à briser le courage de ceux qui refusaient la soumission…

Les bois du Banel servirent de plus en plus souvent de refuge aux personnes traquées par les Allemands, et aux jeunes des classes 41 et 42 qui voulaient échapper au S.T.O. (Service du travail obligatoire en Allemagne) et lutter contre l'ennemi.

Le 13 avril 1943, Robert Briffaut et quelques camarades prirent les premiers le chemin de Buchy. Ils séjourneront 17 mois dans la forêt.

Je ne m'étendrai pas sur les conditions de vie de ces hommes et femmes qui ressemblaient à ces «va-nu-pieds superbes» décrits par Victor HUGO dans son admirable poème "Aux Soldats de l'An II".

Les "cagnas", construites à la hâte, avec les moyens du bord, disséminées au plus profond de la forêt, loin des regard curieux, ne possédaient ni confort, ni protection réelle contres les intempéries et les morsures des longues gelées hivernales.

L'alimentation, plus que précaire, ne permettait pas d'assouvir la faim de certains jeunes à peine sortis de l‘adolescence. Des cultivateurs sympathisants ravitaillaient ces clandestins en survie. Un secrétaire de la Mairie de Florenville fournira de fausses cartes d'alimentation.

Pour assurer le transfert de certains reclus, plus de deux cents fausses cartes d'identité furent réalisées grâce à la complicité du Secrétaire Général de la Préfecture qui fournissait des cartes vierges à Robert BRIFFAUT, qui s'était procuré lui-même un faux cachet de la maire de Mhère , commune de la Nièvre.

Par la suite de l'affluence des personnes recherchées, en octobre 1943, le service se divisa en deux groupes :

  • le premier, chargé des sabotages et de la protection des résidents traqués par les Allemands fut confié a Robert BRIFFAUT;
  • le second, chargé de recueillir et transmettre les renseignements et d'assurer le transfert des aviateurs alliés, s'installe dans le bois de Buchy, sous la responsabilité d'Henri VIN.

Ces deux groupes dépendaient de l'autorité d'Adelin HUSSON, alias "Georges" ou "Le Baron".

Coupés en partie du monde, les maquisards vivaient dans l'espérance des événements annonciateurs d'une proche libération : entrée en guerre de l'Amérique, débarquement allié sur notre sol et au-delà, revers allemands en Russie …

Mais en voyant s'effondrer leur rêve de domination, les vainqueurs d'hier devenaient de plus en plus cruels ! Le 13 juin 1944 le Maquis des Manises était anéanti et tous les résistants sauvagement assassinés.

Roland Briffaut
Roland Briffaut
Photo JLV, juin 2007
Quelques jours plus tard, le 18 juin, tôt le matin, une horde de près de 3000 soudards, assoiffés de sang, poussés par une haine d'autant plus violente qu'ils voyaient arriver la défaite, cerne le massif forestier du Banel. Toute la journée, ils ratissèrent mètre par mètre le périmètre encerclé.

Les Résistants pris furent atrocement torturés, battus à mort ou emmenés pour subir des interrogatoires musclés. Sur place, 8 corps ensanglantés témoignent de cette tragédie.

Il y aura 13 déportés dont 4 aviateurs américains.

Un groupe d'environs une dizaine de maquisards, ayant abandonné les bois du Banel pour la Fontaine des Chiens, dans le bois de Puilly, avertis à temps alors qu'ils se rendaient au Banel, ne purent qu'assister impuissants, à la fin atroce de leurs camarades.

Après avoir pris des contacts avec les F.F.I. (Forces Françaises de l'Intérieur) de Carignan, ils participeront à de nombreux accrochages sur les routes de la région et, au terme d'un dernier engagement à Charbeaux, ils rejoindront l'Armée Américaine.

Nos Héros, dont le nom est à jamais gravé dans la pierre du Mémorial de Berthaucourt, ont droit à notre reconnaissance.

Leur sang versé si généreusement a payé la liberté d'aujourd'hui. La paix recouvrée, dont nous apprécions tout le prix, a été gagnée par une somme incalculable de sacrifices analogues aux leurs.

La foule franco-belge, massée au pied de notre monument, et ce depuis près de 60 ans, témoigne d'une fidélité sans faille à leur mémoire. Ils ne seront pas oubliés.

Soyons vigilants, en transmettant aux nouvelles générations les valeurs qui permettent de vivre en toute fraternité, dans le respect de tous, sans être retenus par la peur de l'autre.

Soyons certains, que dans les heures les plus sombres, une voix s'élèvera toujours pour rendre espoir, comme le fit le Général de Gaulle, qui réussit à dynamiser tous les héros connus ou inconnus des maquis par ces paroles devenues désormais historiques :

"La flamme de la Résistance Française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas".

Je vous remercie."


En 2006, les enfants de Florenville et de Mogues participent au Mémorial de Commémoration.


Photo JLV, juin 2006

Chaque année, en fin de cérémonie, l'ensemble vocal de Florenville "Les Copains d'abord" entonne le "Chant des partisans".


Film SC, juin 2005

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