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Il existe à notre connaissance deux monographies sur la commune de Williers, une redigée par Jean-Baptiste Favier et l'autre, plus détaillée par Jean-Baptiste Danloy (tous deux instituteurs à Williers).

Voici la transcription du texte de Danloy daté de 1888.

 

Monographie de Williers par Jean Baptiste Danloy


1. Bibliographie

Les ouvrages qui font mention de Williers sont :

Voici les notes recueillies dans ces ouvrages :

  1. Willare (Williers) ou l'ancien château d'Ardenne sur le contrefort d'entre Chiers et Semoy.
    Une des villa regia portées sur la charte de l'empereur Arnould en 888 (Jean Hubert)
  2. 1267 Jean de Foignes, prévôt d'Yvois. Vers 1267 on trouve des Foignes, écuyer à Williers. (Chronique de M. Jeantin)
  3. Vuilliers est le lieu de la dépendance de Carignan le plus avancé vers l'Ardenne. Sur le haut de la montagne près de laquelle ce village est situé, on aperçoit les débris d'une ancienne forteresse. L'épaisseur des murs fait juger qu'elle était considérable et le nombre de médailles des empereurs que l'on y a rencontrées, on constate la grande antiquité. On croit que ce fut un poste romain. C'était autrefois une prévôté particulière. Dans les titres de l'église de Mogues, Willaume de Chiny est dit prévôt de Virton et de Williers. Foignet de Vuilliers, prévôt d'Yvois en parait avoir été le seigneur avec un Robin de Williers en 1364. On trouve aussi Robert de Williers et son fils, écuyers (A travers nos Ardennes)
2. Géologie

Williers, 2eme étage du terrain liassique, calcaire sableux, calcaire argileux, moellons; pierre à chaux plus ou moins hydraulique ; marne argilo-sableuse.

3. Inventaire des documents historiques
  1. Un parchemin. Titre conférant aux habitants de Williers le droit de conduire leurs bestiaux en pâture sur une partie du territoire de Florenville. Cette pièce est datée du 25 mai 1616.
  2. Une pièce du 26 juin 1727, réglant un différent survenu entre les habitants de Williers et les habitants de Florenville. Ces derniers avaient empêché les chevaux de Williers de passer sur le chemin de la Pirée. Par jugement rendu à Luxembourg, les habitants de Florenville sont condamnés aux dépends du procès. Ce jugement s'appuye sur la convention faite sur parchemin dont il est question plus haut. Cette pièce, datée de Luxembourg est appelée « laudum ».
  3. Unprocès verbal daté de 1743, portant reconnaissance des limites entre Florenville et Williers, depuis la fontaine du Taureau jusqu'au pied cornu des bois de Williers et de Mogues. Cette reconnaissance est faite par les autorités et les anciens des deux communes.

4. Nom de la commune

La commune a toujours porté le même nom; mais l'orthographe en a subi les variations suivantes : Willare, Vuilliers, Wuilliers, Willieres, Williers .

5. Enumération des lieuxdits

On trouve sur le territoire de Williers les lieuxdits suivants : (note :A compléter)
Les lieuxdits non portés sur le plan cadastral : Le Château, la Queue des Poissons, le Neuve-Voie.

6. Chiffres de la population
En 1841, la commune comptait
244
habitants

1846
246


1851
299


1856
246


1861
248


1866
''


1871
''


1876
202


1881
208


1886
224


7. Nombre de mariages, naissances, décès

En 1843, il y a eu dans la commune de Williers
11
naissances 2 mariages
8
décès

1844
4

1
7


1845
6

1
4


1846
4

-
6


1847
3

1
7


1848
7

3
14


1849
3

1
4


1850
6

2
3


1851
7

5
8


1852
6

1
6


1853
7

-
7


1854
9

1
7



ce tableau est complété jusqu'en 1887






7. Particularités sur la constitution physique des habitants, leur longévité, leurs mours,
leurs usages, leurs jeux, leur langage et leur degré d'instruction.

Les habitants de Williers sont en général d'une assez grande taille. Ils sont robustes, durs à la fatigue. Leur nourriture est simple et peu variée : du pain, des pommes de terre, du lard et du café au lait la composent en grande partie. Ils font 5 repas, dont trois se composant exclusivement de café au lait dans lequel on fait tremper du pain.
Les boissons spiritueuses ne sont pas d'un usage journalier; beaucoup de gens ne boivent jamais de bière et personne ne boit de vin.

Si quelques hommes vont au cabaret le dimanche, ils dépensent très peu et boivent au moins aussi volontiers l'eau-de-vie que la bière,

Les habitants de Williers ne vivent pas très vieux : sur une population de 224 habitants, je compte à peine trois ou quatre personnes dépassant 70 ans.

Presque tous sont propriétaires de leur maison et de quelques champs. Ils nourrissent une vache, une chèvre et quelques porcs, et ils vivent ainsi à peu près de ce qu'ils ont chez eux, mais sans voir d'argent ou presque pas. Aussi l'argent est-il très rare à Williers. Un ouvrier de la ville serait bien étonné de l'importance que l'on attache ici à une pièce de cinquante centimes.

Les seuls jeux connus dans le village sont les cartes et les quilles : les cartes pour les longues soirées d'hiver, les quilles pour l'été.

Le langage est un dur patois à peine intelligible pour qui n'aurait jamais entendu parler que le français.

Les gens savent généralement lire et écrire; mais là se borne toute leur instruction.

9. Evénements de la guerre de 1870

Le village de Williers, situé à l'extrême frontière et éloigné de 12 kilomètres de la ligne de chemin de fer de Sedan. Carignan, Montmédy, a relativement peu souffert de l'invasion allemande. Il a été cependant soumis à des réquisitions de fourrage, de grain, d'avoine. Les Allemands ont aussi réquisitionné des chevaux, des voitures et des hommes pour leurs convois,

Les hommes à leur retour ont rapporté dans le pays la petite vérole qui a fait d'assez grands ravages. Il y eu en 1871, treize décès, et la moyenne des décès a été de 4 par an pendant les 15 dernières années.

10. Voie romaine

La voie romaine de Reims à Trèves traverse le territoire de Williers. Elle passe exactement au pied d'une ruine romaine appelée dans le pays « le Château ». Il ne reste du Château qu'un pan de muraille.

La disposition du pays ferait supposer que ce château défendait un camp romain situé sur l'emplacement même du village,

En effet, Williers est construit sur un plateau au sommet d'une colline aux pentes escarpées, et il n'est accessible que d'un seul côté, précisément à l'endroit ou se trouve la ruine.

Ce qui démontre que les Romains ont fait ici un séjour prolongé, c'est le nombre de pièces romaines que l'on y a retrouvées et qu'on y retrouve pour ainsi dire chaque jour.

 

11. L'église

La commune possède une petite église. Le patron est saint Barthélémy. On célèbre la fête patronale le dimanche qui suit le 24 août.
Le bâtiment, qui date de plusieurs siècles, est en maçonnerie tout unie, et ne présente absolument rien de remarquable. Il y a trois autels en vieux chêne, ornés de colonnes et de dorures. L'ensemble est d'un assez bel effet décoratif.
La cloche actuelle a été fondue en 1828.

Voici les inscriptions qu'elle porte :
L'an 1828, j'ai été bénite par M. Collin, curé de Williers et fondue par les soins de M. Lamotte, maire de ladite commune
Chevresson et Bague fondeurs.

12. L'école

Il n'y a qu'une seule école : le bâtiment est neuf et date de 1873. Il comprend au rez de chaussée : 1er la salle de classe de 8m de longueur, 5 m de largeur et 4m de hauteur; elle est plancheiée et plafonnée; 2e une cuisine de 5 m de longueur, 4 m de largeur et 3m60 de hauteur, d'une laverie.

A l'étage, il y a quatre pièces : une salle de mairie, un cabinet pour les archives et deux chambres pour le logement de l'instituteur. La salle de mairie a 5 m de long sur 4 de large et les deux chambres ont les mêmes dimensions.

Il y a au levant une cour fermée de 9 m de large sur 11 m de long et derrière la maison, au sud, un jardin de 18 ares, dont une grande partie n'est pas cultivable.

13. Historique de l'instruction

1er D'après les documents antérieurs à 1833

Je ne trouve pas de trace de nominations d'instituteur avant 1819. Cependant, il y avait une école; elle fut réparée en 1812.
D'après une délibération du Conseil Municipal de Williers de 1819, et aussi d'après la tradition, l'école n'était tenue que quelques mois d'hiver. Le reste du temps, l'instituteur retournait chez lui.
Délibération du Conseil municipal du 7 9bre 1819.
Le conseil a délibéré sur le traitement de l'instituteur Dieudonné Rollin. «Ledit Rollin commencera les écoles le 8 9bre présent mois et continuera un terme de quatre mois au moins et cinq mois au plus, et enseignera tous les enfants qui s'y présenteront en qualité d'instituteur primaire, moyennant que chaque écolier payera de chaque fin de mois savoir : vingt-cinq centimes ceux qui ne sauront pas lire, et cinquante centimes ceux qui liront et écriront.»
Les indigents étaient à la charge de la commune qui garantissait audit instituteur la somme de vingt-huit francs par mois. - C'est à dire que si la rétribution ne produisait pas cette somme, la commune la complèterait.
L'instituteur s'engage à répondre la messe les jours de dimanche et fêtes et à chanter les vêpres, aussi de dire la prière tous les jours de carême.
Faute de remplir lesdits engagements, il lui sera fait une diminution sur son traitement à proportion de ce qu'il aura négligé.

2e Depuis 1833

La loi du 30 juillet 1833 fixe le traitement de l'instituteur à 200 francs.
Le 15 août 1839, le conseil municipal, considérant que la nouvelle loi augmente de 80 francs le traitement de l'instituteur, décide qu'il doit y avoir une diminution sur les dossiers traités conclus avec lui, et arrête ainsi qu'il suit la rétribution scolaire :
Elèves ne sachant pas lire : vingt cinq centimes
Elèves apprenant à écrire et à calculer : trente-cinq centimes par mois.

Noms des instituteurs depuis 1833, traitements, nombre d'élèves, discipline, etc.

1833 M. Ravigneaux, breveté pour l'enseignement primaire. Suivant délibération du Conseil municipal du 10 mai 1833, il est alloué à M. Ravigneaux une indemnité de logement de 60 francs parce qu'il tient l'école chez lui. Son traitement total était alors de 260 francs, sur lesquels 133 francs sont payés par la commune et le reste par le département et l 'Etat.
En 1834, M. Libert Rondache a été nommé membre du comité local de surveillance. Ce comite était ainsi compose : M. Lamotte, maire, M. le curé et M. Libert Rondache, notable. Il avait des pouvoirs très étendus sur l'instituteur et sur l'enseignement.
1839 M. Defrance, élève de l'école normale a été présenté par le Conseil municipal au comité supérieur de l'arrondissement de Sedan. Une délibération du 13 avril 1840 porte le traitement de M. Defrance a 250 francs.
Il parait que M. Defrance avait un moyen disciplinaire extraordinaire. Voici en quoi il consistait :
Il avait pratiqué un trou au plancher supérieur de la salle. A l'occasion, il faisait descendre une corde par ce trou. Une personne de sa famille ou une autre était à l'étage et tenait le bout de la corde. Alors il attachait l'élève récalcitrant à la corde et commandait d'une grosse voie : «Bon Dieu, enlevez-le». Sur quoi l'élève épouvanté commençait son ascension vers le plafond.
On me raconte que cette punition inspirait aux enfants une profonde terreur.
Le même M. Defrance ou peut être un de ses successeurs avait inventé autre chose encore.
Aux punitions ordinaires : faire présenter les doigts pour recevoir les coups de baguettes, mettre à genoux sur l'arrête d'un morceau de bois, faire tenir à bras tendus un volume pendants plus ou moins longtemps etc., il avait ajoute celle-ci, qui, ce me semble, ne manque d'originalité. Il pratiquait un trou dans une table à l'aide d'une vrille, enfonçaient dans le trou une mèche des cheveux de l'élève et les serrait au moyen d'une cheville. L'élève devait rester attaché ainsi ou s'arracher les cheveux.
1841 M. Leduc a été présenté le 8 aout 1841 comme remplaçant de M. Defrance.
Le 1 er 7bre 1841, la rétribution scolaire fut ainsi fixée par délibération du Conseil municipal :
Trente centimes pour les élèves qui apprennent à lire,
Soixante centimes pour les élèves qui apprennent à lire et à écrire,
Quatre-vingt centimes pour ceux qui apprennent aussi l'arithmétique.
Il est dit dans cette délibération que le nombre moyen des élèves est de quarante et qu'il s'élève à soixante et au dessus en hiver.
L es élèves se présentaient jusqu'à 18 ans.
1842 9 8bre. Présentation de M. Lefèvre comme instituteur.
1843 10 mars, Demande du Conseil municipal du quart de réserve pour l'agrandissement indispensable de la salle d'école.
1844 27 février Location de la maison d'école pour un bail de trois années.
1845 Présentation par M. le Sous Préfet, de M. Guillaume de Messincourt comme instituteur.
Nouvelle demande d'agrandissement de l'école.
1848, 25 8bre, M. Gaignieres de Saint Menges fut nommé instituteur à Williers.
1849 M. Virolles Charles de Messincourt succède à M. Gaignieres. Cet instituteur fut longtemps en désaccord avec le maire, M. Lamotte, qui chercha par tous les moyens à le faire partir. M. le maire avait même pris les clefs de l'église et M. Virolles faisait le tour du village avec une clochette pour annoncer l'heure de l'école.
M. Virolles fut enfin destitué par l'autorité, mais il fallu l'assistance de la gendarmerie pour le faire déménager.
On fut oblige de porter son mobilier dans la rue.
En 1851, il y avait 49 élèves payants et 7 gratuits et la rétribution scolaire a produit net 96f 25.
En 1852, la rétribution se monte à 79f30 - Instituteur M. Poncelet.
1854 Instituteur M. Guillaume de Messincourt.
D'un résumé des rôles de la rétribution scolaire il résulte qu'il revenait à MM. Viroles et Poncelet, instituteurs, 79f30 pour l'année 1852.
Il n'est rien porté pour les 2 e et 3 e trimestres. Pour le 4 e trimestre, il n'a été recouvré que 1f30.
A cette époque, on ne fréquentait donc l'école que pendant 3 ou 4 mois de l'année, décembre, janvier février mars.
1856-59 Instituteur M. Favier.
M. Favier recevait de 55 à 60 élèves, dont 7 ou 8 gratuits. Le traitement des instituteurs était de 600f à partir de 1850.
1859 Instituteur M. Grafteaux, décédé à Williers, traitement 600F
1861     "            M. Roynette Gustave,                            "
1862     "            M. Drouin,                                               "
1866     "            M. Lefèvre,                                              "
1867     "            M. Collignon Fréderic Edmond de Villy.
Cet instituteur est décédé à Williers en 1881, laissant 8 orphelins. Il recevait un traitement de 1200 francs.
1881-1888 Instituteur M. Danloy J.B. Edouard. Traitement 1000 francs.

Remarques diverses

  1. de 1855 à 1866 le rétribution scolaire était fixée a 0f75.
    Elle est de 1F à partir de 1866.
  2. L'habitude de ne pas fréquenter l'école pendant la belle saison est ancienne, bien ancrée dans les mours, difficile à extirper.
    En 1852 M. Virolles n'avait plus que cinq élèves au mois de mai et cet état de choses s'est prolongé plus ou moins jusqu'à la loi du 28 mars 1882.
    Encore actuellement, quoique la fréquentation soit plus régulière, les absences sont encore nombreuses pendant les mois d'été.
  3. Le nombre des élèves inscrits a varié de 50 à 60 pendant les dix dernières années.
  4. Le nombre d'élèves inscrits est actuellement de 64 pour 44 places d'élèves seulement sur les tables bancs. Il faut placer à une table où six élèves seraient à l'aise huit ou neuf élèves. Ce nombre d'élève relativement grand pour une population de 224 habitants vient de ce fait que beaucoup d'habitants de Williers ont en pension des enfants de l'hospice de Sedan. Il y a en ce moment 20 élèves de cette catégorie.


    A Williers - Décembre 1888

    L'instituteur

    Danloy

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